lundi 24 octobre 2016

La grande route du Nord de Peter F. Hamilton [Mise à jour]


quatrième de couverture :  Newcastle-upon-Tyne, 2143. Ville rendue florissante par le portail transspatial donnant accès à la planète St Libra et à son précieux biocarburant, elle devient le lieu d’un meurtre brutal. La victime est un clone appartenant à la richissime famille North et la méthode employée ressemble étrangement à celle d’un massacre commis sur St Libra vingt ans plus tôt. Tandis que l’inspecteur Hurst mène son enquête, les autorités rouvrent le dossier Angela Tramelo, condamnée à perpétuité pour le premier crime. Selon elle, le véritable coupable serait d’origine extraterrestre. L’ Alliance pour la défense de l’humanité décide d’envoyer une mission scientifico-militaire à travers le portail.
Mais alors que l’expédition s’isole dans la jungle hostile, ses membres meurent les uns après les autres…

La grande route du Nord est un roman de Peter F. Hamilton, publié en 2012 en langue originale, puis entre 2013 et 2014 en 2 tomes en langue française*.

L'histoire se décompose en deux lignes  d'intrigues distinctes mais connectées : d'une part une expédition sur la planète St Libra pour vérifier l'existence d'un extra-terrestre sur cette planète uniquement composée de végétaux, et d'autre part une enquête policière à Newcastle au sujet du meurtre du clone d'une des familles les plus influentes de cet univers... C'est que le meurtre commis à New Castle semble posséder des similitudes avec celui commis sur St Libra (où le seul témoin survivant accusait un extra-terrestre).

Un roman pas mauvais, pour qui apprécie l'auteur et a aimé l'étoile de Pandore. Au titre des qualités de l'auteur, se trouve la capacité de faire vivre de nombreux personnages avec leurs préoccupations quotidiennes dans une société futuriste. Mais ici, j'ai l'impression que Peter Hamilton se serait plagié lui même en reprenant les mêmes thèmes pour pondre une nouvelle histoire.

La grande route du Nord possède par ailleurs un problème de rythme sur la fin et une conclusion un peu téléphonée qui arrive comme un deus ex machina...  On ne croit pas non plus à l'épilogue qui évoque un peu "En regardant pousser les arbres", novella de l'auteur (in Manhattan à l'envers) avec ce message positiviste d'expansion de l'humanité...

Nous noterons aussi quelques illustration de thèmes économiques dont :
- Un monopole (ou presque) sur un produit essentiel à la civilisation humaine (le bio-carburant), des manipulations des stocks et de la spéculation sur ces produits...
-  Des considérations relatives aux impacts sur les investissements de l'ouverture de nouveaux territoires à exploiter.

*****
Plus précisément sur le bis repetita placent, Peter Hamilton semble placer dans ses œuvres des thématiques obsessionnelles : l'immortalité/longévité, l'amélioration de l'humain, le voyage instantané/rapide dans l'univers (stargates, vaisseaux à propulsions très rapides) permettant l'expansion de l'humanité dans les étoiles (et en finir avec Malthus?).


Il est ainsi connu pour l'univers du Commonwealth** et a produit deux autres œuvres utilisant des caractéristiques similaires concernant l'existence de "stargates",  portails permettant de voyager instantanément d'une planète à l'autre : la nouvelle "Un électorat qui marche" et cette œuvre "La grande route du Nord".

Autres caractéristiques proches du Commonwealth, pour ce roman : le focus sur les grands capitaines d'industrie qui font ces mondes, moteurs d'innovation et de progrès, lesquels sont diffusés dans la société***. 

Cela nécessite des sociétés comportant comme condition sinequanone un fort libéralisme (économique et social) : c'est le cas pour le commonwealth et la grande route du North. Dans ce dernier nous avons d'ailleurs une forte méfiance envers les structures étatiques (jugées technocratiques) et leur capacité à agir en temps de crise au mieux des intérêts communs (car leurs décisions sont prises avec des vues électoralistes personnelles des dirigeants, lesquels pratiquent une politique du statu quo). Le personnage du général est ainsi assez caricatural.

L'auteur imagine par ailleurs un système de comptes secondaires, considérés comme très répandus dans la société, permettant à la masse de développer une forme d'économie parallèle non préemptée par les impôts : il y a ici une rupture du contrat social en raison d'une défiance du système (et de l'utilisation des impôts pour l'intérêt général).

Sans faire réellement contre-point, Hamilton réserve toutefois quelques paragraphes pour les exclus : dans l'étoile de pandore, les travailleurs pauvres qui n'arrivent pas à avoir une couverture sociale ne pourront jamais se payer une clinique de jouvence - et atteindre une forme d'immortalité.

Les syndicalistes "exclus du voyage"' dans "un électorat qui marche" n'ont plus que la manifestation pour exprimer leur colère face à un système en déliquescence.

*****
Alors ce roman vaut il le coup ? Si vous êtes un amateur de l'auteur, tentez votre chance. Si vous voulez découvrir ses œuvres, passez directement à l'étoile de Pandore.


* avec pour conséquence de m'inciter à attendre que ma bibliothèque fournisse les deux tomes avant de me lancer dans l'aventure...
** l'étoile de Pandore, la trilogie du vide, les naufragés du Commonwealth...
*** Je ressens comme un grand paradoxe de présenter des figures libérales en héros et de les placer en altruistes œuvrant pour le bien de l'humanité.

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