vendredi 9 février 2018

Le crime de l'orient express film de Kenneth Branagh (2017)





Comment arriver à intéresser le spectateur à un projet cinématographique, basé sur un detective novel dont l'histoire est connue dans le monde entier ? 

Si une histoire d'Agatha Christie est représentative du whodunit, le succès phénoménale d'une de ses oeuvres la plus célèbre - le crime de l'Orient Express -, nécessite de placer l'intérêt du spectateur ailleurs, et plus que de mettre en scène un howdunit, Kenneth Brannagh se focalise sur la dimension psychologique des acteurs du crime (auteurs et "chercheurs de vérité") dans une sorte de tension dramatique de théâtre, ce qui fait la force et la faiblesse du film, sans aucun doute.

L'originalité de ce film tient ainsi dans l'interprétation psychologique de Poirot, un homme fatigué et fragile, en proie au doute au regard de sa philosophie, parcouru de tocs et incertain du sens à donner à l'existence.

Cet état d'âme est mis en place par l'excellent jeu d'acteur du vieux briscard qu'est Branagh et un prologue à la montée dans le train non "canon" (1), présentant son état émotionnel et les acteurs du drame en train de se jouer.

L'histoire du crime de l'Orient-Express est ensuite celle que nous connaissons, mais avec quelques variantes dans les péripéties et personnages ; ce voyage prenant toutefois la forme d'une mise à l'épreuve des principes de Poirot au regard de ses motivations à poursuivre les criminels.

Dans la distribution, Kenneth Branagh est excellent et a sans doute énormément travaillé son accent, lequel est "propre" (mais bien plus français que belge), ce qui m'a évité une irritation constante.

Le casting est 5 étoiles, avec des bouilles haut en couleur, comme avec Johnny Depp ou Willem Dafoe...

Les décors sont beaux et les images sont bien mises en scène.

Toutefois - est-ce un défaut de Kenneth ? - l'aspect théâtrale, croisé avec un process hollywoodien, alourdit le film (2) et la scène finale amène le retour d'un pathos de grande production : la confrontation avec tous les suspects est ainsi trop explicative, sur la solution, sur les états d'âmes de Poirot, sur l'utilisation d'une musique mélodramatique (au piano) qui sonorise inutilement cette partie.... Et une fois le "rideau", générique tombé, démarre une chanson (avec paroles)... On a l'impression d'avoir un réalisateur aux prises avec des producteurs imposants une vision hollywoodienne standard à partir de ce moment

Au final, la découverte fut intéressante  et la séance de cinéma, sans être spectaculaire, vécue avec plaisir. Pour les amateurs d'Agatha Christie et les nostalgiques de Kenneth Branagh



 PS : selon un ami, ce film serait bien loin de tenir la comparaison avec la version de cette histoire, offerte par Syndney Lumet (1974). Il me faudra y jeter un coup d'oeil un de ces jours.

(1) enfin je crois. Détrompez moi s'il est présent dans l'oeuvre originale.
(2) dans le prologue : faire résoudre un problème entre trois représentants des différentes religions à Jérusalem par Poirot...

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