mardi 23 mai 2017

Les portes de la nuit de Marcel Carné (1946)



Depuis quelques temps j'avais envie de redécouvrir les anciens films "classiques" d'après guerre, avant la nouvelle vague, d'aller creuser un peu dedans pour voir ce que j'y trouverais.
Un passage à la médiathèque Jean-Pierre Melville me donnera cette occasion en choisissant cette oeuvre pour son titre, "Les portes de la nuit"*, réalisé par Marcel Carné sur un scénario et des dialogues de Jacques Prévert. 

Synopsis : Durant une nuit de février 1945 à Paris, Jean Diego se rend chez la femme de son copain, Raymond Lécuyer, pour lui annoncer la mort de son mari devant le peloton d'exécution des occupants nazis. Or, Raymond est bel et bien vivant. Un clochard, qui se présente comme étant le Destin, annonce à Jean qu'il va rencontrer, dans les heures à venir, "la plus belle fille au monde".

J'ai eu sans doute un peu de mal à m'immerger au début dans un Paris en partie révolu (le regard tente de s'accrocher à des décors familiers mais ce n'est pas toujours évident) et des formulations moins usitées**, mais au bout de quelques temps, cela fonctionne sans soucis.

C'est une histoire assez "théâtrale" qui respecte les trois unités - de lieu (un quartier), de temps (une seule nuit), et d'action (tous les événements concourant au dénouement) - et ne manque pas de charme, malgré certains dialogues un peu expansifs. La patte de Prévert est bien présente,  et un humour qui surgit parfois de façon inattendue. 




Etonnant Reggiani,
pour moi il était plus un chanteur...

Au casting des portes de la nuit, nous retrouvons - dans la "fleur de l'âge-  Yves Montant - en héros de guerre -, Pierre Brasseur - bien inquiétant -, Serge Reggiani - brillant en ancien collabo tourmenté -,  Nathalie Nattier - la triste et belle de l'histoire -....




Vilar, Clochard céleste

Et un Jean Vilar éclatant, traversant le film en personnification du Destin dans une époque encore troublée, où s'affrontent des anciens collabos (ou mouchards), profiteurs du marché noir, anciens résistants...




Nattier et Montant, premiers rôles et jeunes débutants dans le cinéma d'alors, sont un peu gauches, en retrait par rapport à tous ces excellents second rôles, mais ce n'est pas rédhibitoire.

Il ressort de ce film une atmosphère particulière, appuyée par les musiques de Joseph Kosma (notamment compositeur des feuilles mortes).

En conclusion, un film à découvrir.

* La qualité vidéo Editions René Chateau Vidéo , sans doute pas une des meilleurs éditions, mais cela se laisse regarder
** j'ai ainsi découvert le terme de "richelieu" pour des chaussures...

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