dimanche 8 janvier 2017

L'âge de Cristal, roman de William F. Nolan et George C. Johnson



Après le film, j'ai eu envie de confronter mes souvenirs de jeunesses avec une relecture du roman originel*.

Cette chronique sera forcément liée à celle du film. J'invite donc les lecteurs de passage à y jeter un coup d’œil.

Le roman est écrit correctement, avec un style efficace et dynamique**, de la même veine que Ce bonheur insoutenable d'Ira Levine qui mêle thriller et dystopie, mais lui adjoint aussi un aspect road movie.

Ecrit en 1967, il commence par une brève chronologie***, à l'instar de nombre de futurs parallèles en science fiction, censé expliquer et situer ce futur qui déchante...Nous comprenons rapidement qu'une succession de révoltes a profondément modifié la société, amenée par une combinaison de pression démographique, raréfaction des ressources et impossibilité de se développer dans l'espace. La société globale est devenue hédoniste, individualiste dans une certaine mesure, mais sans la mise en place d'un contrôle des naissances pour l'ajuster aux quantités de ressources. L'ajustement se fait donc par un contrôle sévère de la durée de vie des habitants : lorsque le cristal implanté dans la main de chaque individu vire au noir, il est censé mourir.

Au titre des différences, nous ne sommes plus dans des villes souterraines, séparées du dehors, redevenu sauvage (le film fait également un peu penser sur ce point aux cavernes d'acier d'Isaac Asimov), mais dans un monde globalisé couvert par la même dystopie. Ainsi une échappatoire vers le fameux sanctuaire où l'on peut vivre plus longtemps, semble illusoire.
De même, point de construction religieuse zen new âge pour faire croire aux personnes qu'elles vont se réincarner après avoir été tuées dans le carrousel. Ici c'est l'idéologie, portée par un état totalitaire dirigé par un ordinateur, le "penseur", qui incite les gens à être de bons citoyens et se diriger d'eux même vers des cabines à suicide quand leur cristal s'assombrit. Ce cristal permet de géolocaliser les récalcitrants qui tentent d'échapper à leur destin, quand ce ne sont pas d'autres citoyens qui les signalent aux limiers chargés de l'autorité.

Logan est un de ces policiers chargé de faire appliquer la loi de l'ordinateur, qui traverse  une crise existentielle sur son rôle dans le système. Par un hasard de circonstances, il tombe sur des informations indiquant que le fameux sanctuaire ne serait pas qu'un mythe. Désireux de donner un sens à sa vie en sursis (son cristal se met à clignoter indiquant qu'il lui reste 24 heures****), il va se mettre en tête de démanteler le réseau qui aide les rebelles à la société à s'échapper. Commence alors une fuite éperdue avec Jessica, qui cherche également à atteindre le lieux mythique. 

Par touches adéquates, les auteurs dépeignent un système automatique en déliquescence avec des dysfonctionnements réguliers, des zones dégradées qui sont censées être réparées par l'ordinateur autonome. Ils montrent également les effets désastreux du manque de continuité (éducation et transmission générationnelle). Une image frappe : une fresque inachevée d'un artiste parti bien trop vite.

Au final l'âge de cristal (ou Logan's run) est un roman efficace, basé sur les techniques de storytelling américain. Suffisamment différent du film, et de bien meilleure qualité, il méritera une lecture pour qui apprécie les mélanges de dystopies sciences-fictives et thrillers.

Note : le roman a connu trois suites publiées, de William F. Nolan. A ce jour, seul le T2 a été traduit en français.

* mais je pense m'arrêter ici et ne pas poursuivre l'expérience avec la série adaptée du film.
** avec parfois quelques jolis paragraphes
*** avec une inversion de deux dates par l'éditeur, ce qui est ballot pour une chronologie aussi brève en début d'ouvrage.
*** encore une des différences avec le film.

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